Les porteurs français indignés
22 Novembre 1996
A l'annonce de l'emprunt, les porteurs d'emprunts russes n'ont pas tardé à manifester leur colère par la voix des deux principales associations qui les représentent en France, l'Association française des porteurs d'emprunts russes (Afper) et le Groupement national de défense des porteurs de titres d'emprunts russes (GNDPTR). Cette dernière a publié, dans l'édition du « Monde » datée du 22 novembre une lettre ouverte à Jacques Chirac et à Lionel Jospin, appelant à éviter la transformation du remboursement de l'emprunt russe en une « nouvelle affaire ». La France compte encore 300.000 porteurs d'emprunts russes, contre 1,6 million en 1919. Le montant de la créance est très difficile à évaluer, aucun recensement précis des titres n'ayant pu être effectué, mais le GNDPTR estime que le montant unitaire moyen de la créance, de 500 francs or en 1914, serait de 9.800 francs d'aujourd'hui, sans tenir compte des intérêts.
L'Afper note pour sa part que cet emprunt ne sera pas placé en France, conformément aux engagements pris par le gouvernement français. « Mais ce n'est pas suffisant, nous préparons une riposte », a indiqué Pierre de Pontbriand, son président, qui ajoute que « le combat pour le remboursement va s'intensifier ». Les deux associations comptent se mobiliser lors de la venue à Paris, dans quatre jours, du Premier ministre russe, Viktor Tchernomyrdine. Après l'indemnisation des porteurs anglais, américains, canadiens et suisses, seuls les porteurs français n'ont pas été indemnisés.