RZD (Chemins de Fers Russes) envisage une introduction en bourse d'un quart du capital, estimé aujourd'hui à 43 milliards d'euros par la compagnie et 71 milliards par le gouvernement. Moscou veut lancer l'opération en 2013. Une double cotation à Londres et Moscou n'est pas exclue.
L'inamovible patron (et proche de Poutine) de RZD Vladimir Iakounine semble peu à peu s’adoucir à l’idée de privatiser le géant d’Etat du rail russe. Dans un entretien accordé cette semaine au quotidien britannique The Independent, Vladimir Iakounine a pour la première fois envisagé un placement à l’étranger, alors que le gouvernement cherche à privatiser un quart du capital dès l’année prochaine, pour lever 17 milliards d’euros. Connu pour ses opinions très conservatrices, il jugeait en juin dernier « irréaliste » le calendrier fixé par le ministère des finances. Qui plus est, RZD évalue sa capitalisation à 43 milliards d’euros, très loin en dessous des 71 milliards d’euros estimés par le gouvernement.
Double cotation à Londres et Moscou
Vladimir Iakounine admet une préférence pour un placement à Londres dans la mesure où s’y « trouvent les investisseurs les plus sérieux ». RZD s’est déjà familiarisé avec le marché financier en 2010 lorsqu’elle a placé une part de 35% de sa filiale Trans Container, levant au passage 400 millions de dollars (324 millions d’euros). L’introduction de RZD s’effectuera probablement en parallèle sur la bourse moscovite, que le gouvernement russe cherche activement à développer.
Concernant le calendrier, l’expert d’Investcafe Andreï Chenk souligne qu’une introduction entre 2015 et 2016 est « parfaitement justifiée » et que privatiser la part de 25% « avant 2014 n’est pas raisonnable, à la fois à cause de la situation sur les marchés, mais aussi à cause de l’émission d’actions [de RZD] réalisée par le gouvernement, qui finance à travers RZD une partie de la construction [des jeux olympiques] de Sotchi ». L’agence Fitch commente avec tiédeur l’hypothèse d’un placement « qui ne changera pas le rating de la compagnie ». « En outre, RZD pourrait avoir des soucis dans son programme de financements stratégiques au cas où une partie seulement des sommes levées lors du placement tomberait dans ses caisses ».
Le plus gros employeur du monde
Les analystes saluent la volonté de placement, qui devrait accélérer la libéralisation du rail russe. Le secteur souffre d’une infrastructure et d’un parc roulant vieillissant. La vitesse du transport de passager comme du fret est très inférieure à celle observée dans les pays développés.
Avec ses 85 200 kilomètres de voies ferrées, RZD compte le deuxième réseau mondial et transporte 1 millions de passagers par an. C’est aussi l’une des trois plus grosses sociétés de transport au monde autour de 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. L'une des caractéristiques les plus frappante de la société est son sureffectif (autour d’un million de salariés, soit l’un des plus gros employeur au monde), ce qui témoigne du peu de changement en terme de management depuis l’époque soviétique. La compagnie a été créée en 2003 sur les bases du ministère des chemins de fer. Elle est dirigée depuis 2005 par Vladimir Iakounine.
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/services/transport-logistique/20120817trib000714900/la-sncf-russe-pourrait-etre-cotee-a-la-bourse-de-londres.html