Le ministre des finances britannique, George Osborne, étudie la possibilité de lancer des obligations remboursables dans cent ans, voire des emprunts perpétuels. Une consultation sur le sujet doit être annoncée lors de la présentation, le 21 mars, du budget 2012-2013.
"C'est la responsabilité d'un gouvernement d'emprunter au taux le moins élevé possible, c'est donc une bonne décision , affirme Philippe Booth, professeur à la Cass Business School, résumant le sentiment général.
Emettre des obligations sur une aussi longue période n'a rien d'inédit. Huit emprunts à cent ans voire perpétuels lancés par le passé par Londres sont toujours en cours, dont la valeur totale est estimée à 2 milliards de livres. Le plus ancien remonte à 1853, pour permettre à l'Etat d'acheter des titres de la South Sea Company, en difficulté après une bulle spéculative dite "South Sea Bubble".
En 1917, pour financer le coût de la première guerre mondiale qui s'enlise, Lloyd George émet un emprunt perpétuel à 5 % l'an qui sera renégocié en 1932 à 3,8 %. "Ce fut une excellente opération pour tout le monde", note Tim Leuning, professeur d'histoire économique à la London School of Economics.
Dans l'histoire financière récente, les emprunts obligataires à très longue maturité ont refait surface dans les années 1990, après un intermède de plusieurs dizaines d'années. Disney a ainsi levé des fonds à cent ans en 1993, suivi entre autres par l'université de Yale en 1996, l'Etat du Mexique en 2010, ou GDF Suez en 2011, la première entreprise à emprunter en euros sur une aussi longue durée.