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 Le TGV russe symbole d'un pays à deux vitesses - Moscou St-Pétersbourg

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RogeR
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RogeR


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MessageSujet: Le TGV russe symbole d'un pays à deux vitesses - Moscou St-Pétersbourg   Le TGV russe symbole d'un pays à deux vitesses - Moscou St-Pétersbourg Empty14.09.10 10:00

Le Sapsan, premier train à grande vitesse du pays, traverse à 250 kilomètres-heure des villages misérables. Un symbole de l'insensibilité du pouvoir central aux inégalités croissantes.

Sur le quai de gare, la contrôleuse tirée à quatre épingles passe les billets à code-barres au lecteur optique. L'instant d'après, les passagers embarquent à bord du Sapsan, soit le "faucon pèlerin", l'oiseau le plus rapide du monde. Depuis son inauguration, en décembre 2009, le premier TGV russe relie Moscou à Saint-Pétersbourg en trois heures quarante. Et fait la fierté de la RZD, la SNCF locale.

A bord, des hommes d'affaires en costume Armani y côtoient des beautés slaves à talons hauts et des touristes européens qui ont payé 90 euros pour voyager en classe économique et le double en première. Dans les espaces de rangement, on note une proportion significative de bagages Vuitton. Attention au départ! Le train démarre, silencieux comme un serpent. Dans l'ambiance feutrée de la voiture 17 (première classe), des hôtesses servent du vin blanc et un repas chaud.
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Qu'il est bon d'appartenir à l'élite! A l'instar des boutiques chics de Moscou, le Sapsan offre à ses passagers l'image rassurante d'une nation émergente qui se modernise à grande vitesse. Et qui mérite son appartenance au club des Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine), ces pays dont le poids augmente dans l'économie mondiale.
"La Russie change, et pour elle-même et pour le reste du monde", répète d'ailleurs le président Dmitri Medvedev, pour qui la "modernisation" est un leitmotiv. Il l'a encore martelé le 18 juin, lors du 14e Forum économique international de Saint-Pétersbourg: "La Russie doit devenir un pays qui attire des gens du monde entier désireux de réaliser leurs rêves." Comme par exemple le géant allemand Siemens, qui a livré le Sapsan clef en main. Ou encore le français Alstom, qui participe à la construction du TGV Saint-Pétersbourg-Helsinki (Finlande), dont la mise en service est prévue à la fin de 2010.

Derrière la fenêtre, la Russie d'en bas
Le Sapsan file maintenant à 250 kilomètres-heure dans la morne campagne russe, ponctuée d'isbas isolées et de villages, traversés en un éclair. Derrière la fenêtre, c'est l'autre Russie, peut-être la "vraie" Russie. Bref, la Russie d'en bas. Le pays des petites gens et des gueules cassées, qui sont aussi les exclus de la modernité. Ceux-là se chauffent au charbon l'hiver et à la vodka toute l'année, afin d'oublier qu'ils vivaient mieux à l'époque de l'Union soviétique.

Un seul exemple: en vingt ans, l'espérance de vie des hommes russes a reculé de cinq ans, passant de 64 ans à 59. En cause: l'alcoolisme, les mauvaises conditions de vie ou encore le délitement du système de santé (40 % des hôpitaux n'ont pas d'eau chaude). Un journal de Moscou a récemment décrit cette Russie d'en bas, si éloignée des préoccupations de l'élite, par une formule crue, mais juste: "Le caniveau du Sapsan."

Dans ce pays aux écarts de revenus insensés (20 multimilliardaires contrôlent un cinquième de la richesse nationale), il est rare que les petites gens, soumis depuis toujours à la domination de leurs gouvernants, parviennent à faire entendre leurs doléances.

Une vingtaine d'actes de sabotage
Il faut croire que la colère anti-Sapsan est l'exception qui confirme la règle. Depuis l'hiver dernier, l'indignation ne faiblit pas le long de la voie ferrée de 650 kilomètres, la plus ancienne et la plus fréquentée de Russie. Jets de pierres, de blocs de glace, tirs à la carabine, sabotage de caténaires: une petite révolte est à l'oeuvre. En six mois de circulation, le Faucon pèlerin a subi une vingtaine d'actes de sabotage, même si on est loin des attentats terroristes de 2007 et de 2009 contre le Nevski Express qui circulait sur les mêmes voies.

C'est peu dire que la mise en service du Sapsan a perturbé la vie des habitants, le long de la ligne. A 167 kilomètres de Moscou, Tchouprianovka (2500 âmes) vit depuis longtemps au rythme du passage à niveau, métronome de la commune depuis l'inauguration de la ligne de chemin de fer Moscou-Saint-Pétersbourg, en 1851. Mais, à l'arrivée du Sapsan, la vie est devenue impossible. Par mesure de sécurité, le garde-barrière ferme en effet le passage à niveau vingt minutes avant que le train ne déboule comme une fusée à la sortie d'une courbe.

Résultat: à raison de 16 Sapsan par jour (auxquels s'ajoutent d'autres trains régionaux, de grandes lignes ou de marchandises), Tchouprianovka est coupée en deux plus de sept heures par jour! Parfois, la barrière est abaissée pendant quatre-vingt-dix minutes. C'est particulièrement problématique en hiver, lorsque les écoliers sont bloqués par moins 20 degrés sans pouvoir rentrer chez eux.
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Au passage à niveau, les esprits s'échauffent souvent. "Mais quand est-ce que ça va finir, cette merde?" s'écrie furibard, un automobiliste bloqué pour la énième fois devant la barrière. "L'embouteillage s'étire parfois sur 3 kilomètres, jusqu'à la route nationale", raconte-t-il, exaspéré. En mai, l'arrêt de la circulation a pris un tour dramatique. Alors qu'un incendie ravageait la datcha de Vassili Adamiuk, les pompiers sont restés bloqués avec leur camion durant vingt minutes sans possibilité de traverser ni d'intervenir. "Alors ils sont restés là, les bras croisés, à regarder la fumée s'élever dans le ciel", raconte ce géologue de 61 ans, dans les décombres de sa villégiature.

La solution, tout le monde la connaît : il faut construire un tunnel ou un pont. Mais ni la municipalité de Tchouprianovka ni la région de Tver n'en ont les moyens financiers. "En Russie, c'est comme ça: le fric passe avant les êtres humains", constate le géologue.

Dans son bureau municipal, la maire, Loubov Arbousova, ne traite qu'un seul dossier depuis sept mois: la fronde anti-Sapsan. "Avant tout, la population est scandalisée parce qu'elle n'a été consultée sur rien, explique-t-elle. Les gens ont appris l'existence du Sapsan par la télévision, trois jours avant sa mise en service. Sur le coup, tout le monde était content. Mais personne n'imaginait la suite..."

"Ils nous ont coupés du monde!"

Afin de céder la place au TGV russe, qui circule sur le réseau préexistant (et non pas, comme en France, sur des voies spécialement aménagées), d'innombrables trains régionaux, non rentables, ont été supprimés. Alors qu'un train ou deux s'arrêtaient toutes les heures à Tchouprianovka et permettaient de se rendre à Tver (la capitale régionale, à 12 kilomètres de là), la gare n'est plus desservie que trois fois par jour, matin, midi et soir. Le résultat: une considérable galère pour les usagers.

"A l'hôpital de Tver, je termine mon service à 14 heures, se plaint, par exemple, Marina Constantinova, infirmière. Mais je suis obligée d'attendre jusqu'à 19 heures pour rentrer à Tchouprianovka. Et cela à bord d'un train plein à craquer." "Ils nous ont coupés du monde", renchérit Tatiana Alexieva, employée des chemins de fer dont le travail consiste à vérifier le serrage des boulons sur la voie. "Désormais, il est impossible de se rendre à la salle de concert de Tver pour écouter du Tchaïkovski. Quelle honte!" s'indigne, quant à elle, Evguenia, une retraitée.

Certes, des autocars de remplacement ont été mis en place. Mais, à 30 roubles le ticket de bus (soit 0,75 euro), contre 12 roubles (0,30 euro) pour un billet de train, le calcul est vite fait. Les indemnités de retraite d'Evguenia comme les salaires mensuels de l'infirmière Marina et du cheminot Tatiana tournent en effet autour de la même somme: 8000 roubles (205 euros). Lorsqu'on leur demande si leur colère, perceptible, est dirigée contre le gouvernement, le patriotisme reprend le dessus: "Ne comptez pas sur nous pour dire du mal de la Russie devant un étranger!"

Même Galina Kondakova, 53 ans, ne s'y aventure pas. Pourtant, en février, vers 10 heures du matin, le Sapsan a failli la tuer. "Le passage à niveau était fermé pour quarante minutes. Mais, comme il faisait froid, j'ai suivi un homme qui traversait devant moi. Arrivée au milieu des voies, j'ai vu le TGV foncer sur moi en silence. J'ai bondi et je me suis agrippée à une barrière pour ne pas être happée. A une seconde près, j'étais perdue", raconte cette assistante scolaire qui s'en est tirée avec une crise de nerfs et des nuits de cauchemars.

Tout le monde n'a pas eu cette chance. Depuis sa mise en circulation, le Sapsan - dont l'accès aux voies n'est pas sécurisé! - a percuté (et pulvérisé) une dizaine d'imprudents. Une paille comparativement à l'ensemble des victimes (souvent des ivrognes) du réseau ferroviaire. L'année dernière, 2953 personnes sont mortes et 1494 autres ont été blessées sur toutes les voies ferrées russes.

Face à l'exaspération générale, la maire de Tchouprianovka, habile, a cependant multiplié les réunions publiques. Et mobilisé le gouverneur de la région de Tver, "un homme très bien, intelligent et intègre". Lequel a fait remonter le mécontentement jusqu'à Dmitri Medvedev, déjà sensiblilisé au problème par plusieurs reportages télévisés. "La réaction du président a été immédiate", se réjouit l'édile. Quelques jours plus tard, en effet, un comité d'inspection - incluant le vice-président de la RZD et le ministre des Transports - débarquait à Tchouprianovka. Mission: s'enquérir du climat vécu dans le "caniveau du Sapsan".
"Je n'ai eu qu'une seule minute pour parler à cette délégation, essentiellement masculine. Mais, croyez-moi, j'ai clairement exposé la situation", se félicite la maire dont le courage est loué par la population. "Maintenant, les gens sont calmés car nous avons obtenu l'assurance qu'un pont serait construit d'ici à trois ans", conclut-elle, confiante. Non loin de là, arrêté au passage à niveau, un chauffeur routier dessine une moue sceptique: "Un pont à Tchouprianovka? Il en était déjà question sous Leonid Brejnev..."

Par l'envoyé spécial du magazine L'EXPRESS
Axel Gyldén
Le 23/07/2010
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