Andreï Borodine a dénoncé les « raids » de l’Etat russe contre des entreprises privées, après qu’un tribunal moscovite l’a relevé de ses fonctions de président de la banque de Moscou, cinquième du pays, sur fonds de scandale lié à un prêt à la femme de l’ex-maire de Moscou.
« La décision du tribunal Tverskaïa de Moscou et du comité d’enquête crée un précédent très dangereux en Russie, ouvrant la voie aux raids sur n’importe quelle compagnie ou banque », a-t-il déclaré par téléphone à l’agence Interfax. Mardi, le tribunal moscovite de Tverskaïa a relevé de leurs fonctions M. Borodine et son adjoint Dmitri Akoulinine.
Le conseil d’administration de la Banque de Moscou a alors nommé comme nouveau patron, Mikhaïl Kouzovlev, qui était jusqu’ici vice-président.
M. Borodine est soupçonné d’avoir indûment accordé en 2009 un prêt d’environ 320 millions d’euros à une société appartenant à Elena Batourina, épouse du maire déchu de Moscou Iouri Loujkov.Après l’ouverture d’une enquête pour escroquerie à son encontre, M. Borodine s’est réfugié à Londres et a vendu ses parts dans la banque. Samedi, il a reconnu avoir été forcé de brader sa participation dans l’entreprise à l’homme d’affaires Vitali Ioussoufov, le fils d’Igor Ioussoufov, qui occupait jusqu’à vendredi la fonction de conseiller spécial du Kremlin pour la coopération énergétique internationale.
Selon plusieurs médias russes, la Banque de Moscou aurait d’ailleurs elle-même fait un prêt de plus d’un milliard de dollars à l’entreprise de Vitali Ioussoufov, afin qu’il rachète les parts de M. Borodine.Les « raids » sont une forme encore assez répandue en Russie de prise de contrôle illégale d’entreprises ou de biens immobiliers, le plus souvent avec l’appui de fonctionnaires corrompus ou sous la menace physique.
La banque VTB, deuxième de Russie, va acquérir pour 6,5 milliards d’euros la totalité de la Banque de Moscou, dont elle détient pour l’instant 46,48%, qui est au coeur d’un scandale lié à un prêt à la femme de l’ex-maire de Moscou, a annoncé lundi un directeur de VTB.
« Nous nous attendons à ce que le prix payé pour 100% des actions de la Banque de Moscou s’établisse à 258 milliards de roubles (6,5 milliards d’euros) », a déclaré le directeur financier de VTB Herbert Moos, cité par l’agence Ria Novosti, alors que la banque publiait lundi ses résultats pour le premier trimestre.
Selon un communiqué VTB a enregistré au premier trimestre 2011 un bénéfice net en hausse de 70,6% par rapport à la même période en 2010, à 26,1 milliards de roubles (657 millions d’euros). « Le groupe ne prévoit aucun impact négatif concernant ses performances financières avec l’acquisition » de la Banque de Moscou, a précisé VTB dans ce communiqué.
La Banque de Moscou, cinquième du pays, fait actuellement l’objet d’un plan de sauvetage de 9,8 milliards d’euros au total, le plus important jamais accordé à une banque russe. Ce plan comprend un prêt de 295 milliards de roubles (7,3 milliards d’euros) sur 10 ans de l’Agence d’assurance des dépôts. VTB, qui a annoncé début juillet avoir obtenu un crédit syndiqué de 3,13 milliards de dollars sur trois ans auprès de banques étrangères, va de son coté injecter 100 milliards de roubles (2,5 milliards d’euros) dans le capital de la Banque et doit par ailleurs augmenter sa participation à 75%.
Les autorités russes accusent l’ancienne direction de la Banque de Moscou d’être responsable de pertes colossales. Son ex-président, Andreï Borodine, est soupçonné d’avoir indûment accordé en 2009 un prêt d’environ 320 millions d’euros à une société appartenant à Elena Batourina, épouse du maire déchu de Moscou Iouri Loujkov. La Banque de Moscou était au moment des faits contrôlée à 60% par la mairie de la capitale russe. Après l’ouverture d’une enquête pour escroquerie à son encontre, M. Borodine s’est réfugié à Londres et a vendu ses parts dans la banque.