Le président du Groupement national de défense des porteurs de titres
Emprunt russe: « une situation plus favorable que précédemment »
29 Aout 1991
Les récents évènements en Union Soviétique ne laissent pas indifférents les milliers de porteurs français qui détiennent encore des emprunts russes, émis avant la révolution d'octobre 1917. Avec la chute du communisme et l'éclatement de l'empire soviétique, les données d'un éventuel remboursement de la dette contractée par la Russie tzariste auprès des épargnants français risquent d'être profondément modifiées.
Cependant, le coup d'Etat avorté des conservateurs du Kremlin n'a guère provoqué de mouvements sur les fonds russes inscrits à la cote parisienne, tant il est vrai que la plupart de ces emprunts, faute de papier disponible, sont rarement négociés aujourd'hui. Désormais, les échanges sont plus actifs dans les allées du marché au puces que sur le parquet du palais Brongniart.
La plupart des émissions sont restées demandées sans contrepartie entre 2,60 francs et 7,50 francs, donc à des niveaux modestes proches de ceux qu'elles connaissaient avant la crise. Seules quelques rares coupures, comme celles émises pour le compte des Chemins de Fer Transcaucasiens, ont fait l'objet de cotations et donc de transactions à des niveaux compris entre 24 et 26 francs. Edouard Champenois, qui anime le Groupement national de défense des porteurs de titres russes, commente pour « les Echos » les conséquences des récents développements intervenus à Moscou.
A votre avis, les derniers évènements en URSS permettront­ils d'aider à trouver une solution au problème des emprunts russes en France ?
Edouard CHAMPENOIS: A la lumière des derniers évènements, la situation nous semble aujourd'hui plus favorable que précédemment. Boris Eltsine a toujours été plus ouvert que Mikhaïl Gorbatchev à la solution du problème. De plus, l'article 25 de l'accord signé le 29 octobre 1990 à Rambouillet avait été rédigé à l'instigation d'Edouard Chevardnadze, lequel avait déclaré en avril 1990 lors de la visite de Roland Dumas à Moscou que la question du remboursement des emprunts russes restait toujours actuelle.
Nous espèrons que M. Chevardnadze sera appelé, sinon à reprendre les affaires étrangères, du moins à jouer un rôle important dans les semaines à venir. Nous souhaitons que le gouvernement français actuel ait le même désir que les Soviétiques de solutionner le problème. Aussi restons nous très attentifs à sa démarche.
Longtemps, les discussions entre la France et l'URSS ont lié le remboursement des emprunts russes à la restitution de l'or balte. La reconnaissance par la France de l'indépendance des Etats baltes modifie­t­elle cette donnée ?
Selon les responsables français, la partie soviétique opposait des réserves aux prétentions françaises à propos de l'or balte entreposé dans les caves de la Banque de France. Ces réserves, si elles ont réellement existé, ne seraient plus fondées puisque leur cause a disparu. En effet, l'or des Baltes appartenait aux Baltes et il est normal qu'il leur soit restitué. Cette position a toujours été celle du groupement de défense des porteurs de titres russes. D'autre part, la valeur de cet or est pratiquement négligeable, elle n'aurait représenté que 0,1% de la créance française.