La Roumanie déja condamnée une quarantaine de fois par la COUR Européenne des droits de l'homme ---------------------
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Aprés des années de laborieuses et vaines démarches, Sanda Popa a fini par s'adresser à la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg, pour obtenir ce que la justice roumaine lui refusait obstinément : la restitution de son appartement à Bucarest confisqué par le régime de Nicolae Ceausescu en 1979. Les juges européens lui ont donné raison. Ils ont condamné l'Etat roumain et exigé qu'il lui rende son bien ou à défaut lui verse une indemnité de 35.000 €uros. Sanda Popa n'est pas un cas isolé. Plus de 128.000 particuliers ont déposé jusqu'a présent des demandes de rétrocession de leurs biens en nature. A peine 8.000 ont obtenu satisfaction. La Cour de Strasbourg est devenue l'ultime recours. Elle est de plus en plus souvent sollicitée. Bucarest a déja été condamné dans une quarantaine de dossiers par les juges européens. Et ce n'est sans doute qu'un début.... La justice roumaine est en cause. Dans bon nombre de cas, les ayants droits avaient obtenu gain de cause en premiére instance et en appel jusqu'à ce que la Cour supréme de Roumanie annule la décision. Les juges roumains seraient-ils victimes de pressions politiques ? Les plaignants sont tntés de le croire. Il serait "injuste" déclarait la semaine derniére le président Ion Iliescu, de demander aux "pauvres roumains" de se serrer encore davatange la ceinture pour indemniser les anciens propriétaires spoliés. Le cout de ces confiscations n'est pas négligeable en effet : les biens revendiqués, immeubles, terrains, appartements ou villas, représenteraient 5,3 milliards de $ , 10% du PIB roumain. Une partie de ces biens abritant aujourd'hui des institutions dites d'intérêt public, des écoles ou des hopitaux, le gouvernement a proposé il y a trois mois des actions et des titres émis par des sociétés d'Etat en guise de dédommagement, une décision de justice devant préalablement évaluer la valeur de ces biens. Quarante mille anciens propriétaires se trouvent dans ce cas de figure, mais à ce jour, 4.000 seulement se sont vu reconnaitre leurs droits. L'initiative du gouvernement a été de toute façon froidement accueillie par les intéressés, qui y voient un marché de dupes. "" A quoi bon recevoir des actions et des titres émis par des sociétés d'Etat non rentables ? """ remarque Maria Teodoru, présidente de l'Association qui représente les expropriés.
Les responsables politiques roumains sont d'autant moins enclins à restituer ces biens qu'ils en sont aujourd'hui les principaux bénéficiaires. Quelque 200.000 villas ont été nationalisées par les communistes dans les années 1950 puis mises à la disposition des dignitaires du régime. Aprés la chute du communisme, au début des années 1990, les plus belles ont été rachetées, pour une bouchée de pain, par l'ex-nomenklatura. Et celle-çi, convertie à la démocratie et l'économie de marché, détient toujours les leviers de commande.
Récupérer son bien est un parcours du combattant. Le combat est souvent inégal. Comme l'exigent les lois votées en 1995, puis en février 2001, il faut d'abord retrouver des titres de propriété perdus dans la nature. Les ex-propriétaires pour la plupart trés agés, doivent jouer contre la montre. Les familles qui possédaient les biens les plus précieux ont du pour la plupart s'exiler. Quant aux plus modestes, elles s'entendent souvent dire que leur appartement, transformé en HLM, a déja été racheté par l'ancien occupant.
Le phénoméne n'est pas propre à la Roumanie. Il existe notammenr dans tous les anciens pays communistes et partout ailleurs, les ayants droit devant déployer des trésors de patience pour recouvrer leurs biens. Mais c'est en Roumanie qu'il se pose avec le plus d'acuité.
Les multiples recours déposés devant la Cour européenne des droits de l'homme commencent à faire tache alors que la Roumanie vient d'obtenir son adhésion à l'Union européenne. Les autorités roumaines en sont apparemment conscientes. Pour limiter les dégats, elles ont promis de rétrocéder automatiquement les biens qui font l'objet de plaintes à Strasbourg.