MICHEL BARNIER COMMISSAIRE EUROPÉEN AU MARCHÉ INTÉRIEUR ET AUX SERVICES
« Je réfléchis à l'idée d'une agence de notation supplémentaire, qui serait européenne »
Il ne m'appartient pas de juger si une notation est correcte ou non. Mais je m'attends à ce que les agences de notation soient rigoureuses et responsables dans leur processus d'évaluation et totalement impartiales dans leur évaluation. Tout doit être pris en compte : non seulement l'immédiat, mais aussi les fondamentaux de l'économie et le contexte de solidarité européenne actuel à l'égard de la Grèce.
Si les nouvelles règles sur les agences de notation avaient été en place, les choses auraient-elles été différentes ?
Je ne fais pas de procès d'intention, mais compte tenu du rôle important qu'elles jouent, il faut un vrai cadre réglementaire pour ces agences. Les nouvelles règles européennes qui entreront pleinement en vigueur en décembre n'empêcheront pas une agence d'attribuer les notes qu'elle jugera appropriées. En revanche, elles apporteront plus de transparence car elles obligeront les agences, qui sont des institutions aujourd'hui très secrètes, à révéler la méthodologie qu'elles utilisent pour leurs évaluations.
De plus, les nouvelles règles préviendront les conflits d'intérêts qui sont inhérents à leur fonctionnement actuel et apporteront une nouvelle et meilleure supervision de leur mode opératoire.
L'Europe a-t-elle tiré les conséquences de la crise, notamment à propos des agences de notation ?
Au-delà de la situation grecque, je pense que le paysage des agences, compte tenu de leur importance, est très concentré dans quelques mains.
Je réfléchis, sans improvisation, à l'idée, la faisabilité et à la valeur ajoutée d'une agence supplémentaire, qui serait européenne.
Par ailleurs, d'autres évaluations pourraient être faites sur l'usage de la notation dans l'appréciation des produits financiers. En particulier, il faut peut-être réfléchir sur le point de savoir si notre réglementation prudentielle doit s'appuyer aussi largement sur ce type de notation.
Les Echos - 30 avril 2010