Bonjour Alain,
Merci pour votre message dont je trouve la lecture encourageante car elle rappelle qu'il existe des solutions qui n'ont pas encore été exploitées.
Il est vrai que la moralité des fonds "vautours" est souvent attaquée, au motif qu'ils font condamner des pays souvent exsangues à leur faire des paiements qui les affaiblissent encore plus. C'est ce que l'on reproche par exemple au fonds Donegal qui pas plus tard qu'hier vient d'obtenir d'une cour londonienne qu'elle condamne la Zambie à verser US$ 15 millions en remboursement d'une dette initialement contractée avec la Roumanie, dont Donegal avait racheté les droits à ce pays en... 1979. Au passage, notons qui si Donegal s'était contenté de placer ses 4 millions en fonds monétaires (le plus tranquille des placements) capitalises à 5% par an, il serait aujourd'hui à la tête de...14,9 millions. Le principal coupable, dans cette affaire, est selon moi l'Etat roumain, doté de moyens d'analyse considérables, qui aurait du au préalable se renseigner sur la solvabilité de ce débiteur notoirement inexpérimenté, s'assurer des conditions d'emploi des fonds et de la capacité à rembourser du débiteur.
Quant à nous porteurs d'emprunts russes personne ne peut nous attaquer de la sorte:
1. Nous sommes les héritiers d'épargnants Français convaincus, par d'intenses campagnes de communication grevées de mensonges et de corruption avérés au sein des milieux de la Banque et de la presse, mais aussi aux plus hauts niveaux des Etats français et russe, qu'ils faisaient leur devoir en investissant en obligations portant la garantie de l'Etat russe, en foi de quoi ils y ont placé leur épargne, mais aussi pour certains l'intégralité de leur patrimoine, avec les conséquences que nous connaissons: la perte intégrale des sommes investies, et pour de nombreux épargnants, la ruine complète. S'il y a des vautours, ils ne sont pas chez nous...
2. Ces obligations, au porteur, constituent de véritables contrats entre l'émetteur ou le garant (l'Etat russe) et le porteur, quel que soit le moyen par lequel l'obligation est parvenue entre les mains du porteur. Je rappelle que l'activité principale des cours, tant nationales qu'internationales, est d'imposer le respect des contrats.
3. La situation présente de la Russie n'a rien à voir avec celle d'un pays comme la Zambie. Personne n'oserait sérieusement prétendre que la Russie n'est pas solvable.
Pardonnez-moi d'avoir enfonce des portes ouvertes en égrenant ces arguments que vous connaissez dejà. Mais par moment, il faut que cela sorte...
Concrètement (car c'est la qu'en définitive je veux en venir), nous pourrions bien, comme vous le suggérez, vendre nos obligations à un fonds vautour. Nous pourrions aussi, pourquoi pas, en créer un nous-mêmes. Ou encore, créer un fonds vautour "à l'envers", en vendant nos obligations pour 50% de leur valeur à un pays endetté vis-à-vis de la Russie (il y en a beaucoup), à charge pour celui-ci de s'acquitter de sa dette en présentant nos obligations à la Russie pour 100% de leur valeur.
L'arroseur arrosé, en quelque sorte.
Sur cette note joyeuse je m'arrête; mais pas sans avoir rappelé que ceci nécessite au préalable que nous ayons retrouvé une représentation institutionnelle légale au sein de laquelle nous soyons regroupés, organisés, actifs et agressifs. C'est ce que je m'égosille à rappeler régulièrement. J'ai bon espoir que nous y parviendrons dans un avenir pas trop lointain.
Pugnacement votre,
Karloman1